mercredi 14 janvier 2009

Des oh!!! et des bah...

Je serai nuancé, mais j'enlasserai tout de même les nuages.

Mais avant toute chose, introduisons avec celle qui m'épôle la calotte glacière de ces photos pour cet article, Anny Shnyder avec un tanka, un peu l'ancêtre du haïku, sur la slamille sherbrookoise :

Variété des êtres révélés
Par leurs émissions oratoires
Résonance familière
Humaine famille
Diverses fabuleuses cité(e)s


La soirée de jeudi dernier était mémorable, du moins pour celles et ceux qui ont une mémoire (je l'avais dis que je serais nuancé...). 16 individualités se sont unies autour d'un micro qui, lui, était entouré par les flammes de plus d'une centaine d'âmes en ce début janvier. Il y eut joie et déception, amour et haine, cohue de mots et simplicité du langage. Pas surprenant que celui qui su s'attirer le public et les juges se situait à la frontière de ces deux univers. Avec ces cheveux poivre et sel et deux textes à la fois critique sociale et autocritique, Mansour Danis a su prendre le bâton de chemin que le Slam du Tremplin lui a tendu et nous a fait voyager comme un sherpa dans sa poésie de terre battue.

Il y avait tellement de gens qui ont pris la tribune que je ne peux, comme j'ai l'habitude, m'attarder à chaque prestation. Par contre, je tiens tout de même à souligner les nouveaux visages que nous avons mis à découvert, au plaisir insuccombable des gens rassemblés au Tremplin.

Tout d'abord, Véronique Morneau.


Une jeune talentueuse qui avait performé lors du micro-ouvert de décembre, est venue défier les plus aguerriEs lors de la compétition amicale. Elle s'est rendue en deuxième ronde grâce à un texte profond, tout en jeu de mots et en mots-valises sur les liens familiaux. En avoir eu deux comme ça, elle aurait bien pu raviver la première place, mais son deuxième texte, rap a cappella, n'a pas su la démarquer. Je tiens à souligner deux choses qui auraient sans doute joué pour beaucoup. De l'une, elle a dû faire avec un problème de micro qui descend tout tranquillement et qui perturbe énormément le public présent.

Un conseil de scène pour celles et ceux qui veulent éviter cette tragicomie (car ça fini néssairement par être drôle et bousille la concentration) : arriver sur scène, prenez le temps de placer votre micro et respirer profondément. Rien ne sert de courir, il faut slammer à point.

De l'autre, le rap a sa place dans une soirée de slam (je le répète toujours, le slam est un espace pour l'oralité et pas un style littéraire). Voici par contre mon conseil pour celles et ceux qui veulent partager des rap de leur cru.

Un rap a capella se doit d'être entendu et donc performé plus lentement que ce qui se fait sur une musique et qui sera écouté à plusieurs reprises. À moins bien sûr que ce soit un effet recherché. Au final, le texte doit avoir une autre âme que celle qui lui fut insufflé par la musique, sa propre musicalité qui ira au-delà d'un débit rapide et prononcé. Des centaines d
e rappeurs-euses se produisent sur les scènes de slam, découvrez leur technique et développez à partir de ça!

Deuxième surprise, une écrivaine, blogeuse invétérable et débordante d'énergie est venue participer à la toute dernière minute, Melissa Leblanc. Je dois avouer que j'étais fébrile, l'ayant entendue quelques fois dans des micro-ouvert que nous propageons avec des amiEs un peu partout. Sa poésie très recherchée et en même temps ancrée dans un réel très rude aurait pu accrocher l'ammassement d'oreilles prêtes à tout qu'est le public trempelinois. Ceci dit, elle est venue en tant que personnage, avec l'attitude qui collait bien à son surnom, Bouzin. J'ai la chance de pouvoir comparer avec une autre personne qui usa du même stratagème, La Clocharde, une slameuse de Montréal. Toutes deux incarnèrent un personnage pour servir leur texte et leur interprétation. Mais là où La Clocharde a su transmettre ce jeu clairement, avec un texte parlant d'itinérance, Bouzin a préférée laisser à l'auditeur-trice le travail de décortiquer les liens symboliques. Le public, et moi d'ailleurs, n'ayant pas compris l'essence de la performance de Bouzin, sommes resté ambivalent. Et l'ambivalence dans un contexte de poésie orale, comparativement à l'univers textuel, est un sentiment que l'on ne souhaite pas trop exploiter. Cela dit, je tiens à souligner la richesse poétique et l'émotion de Bouzin qui a su marquer le public à mon avis et qui pavent donc le chemin de son retour!

Finalement, un certain Émile Shnyder, fils d'une poètesse et herboriste resplendissante, a estomaqué une bonne partie de l'assistance. Il est arrivé sur scène avec assurance et a performé un texte très bien ficelé sur un clown triste qui vit une violence intérieure plutôt désarcenante. Deux éléments qui m'ont fasciné. Son interprétation naturelle et le fait d'écrire un texte "à incarner". Il a su peindre en quelques traits de langue son personnage pour ensuite se lancer dans une tirade remarquable.

De quoi démontrer de la vivacité de notre scène locale et de sa pertinence!

Ah oui, j'allais oublier la partialité... La soirée fut un peu trop longue et notre invité n'était pas présent. Cela dit, la non-présence de l'un a permis la présence de d'autres personnes, ce qui fait qu'au final, tout était bien balancé. Surtout les mots.

Je vous reviens dans un jour ou deux à propos du Grand Chelem Poétique, du Individual world poetry slam (iWPS) de décembre ainsi que sur la table ronde du 29 janvier!

Prenez soin des autres!

Frank Poule

1 commentaire:

Alliance a dit…

Petit commentaire suite à cette incroyable soirée de jeudi dernier dans laquelle j'ai eu beaucoup de plaisir à participer et tenté de me tailler une place au sommet.

Beaucoup de ohhh !!!
Un peu de bahhhh !!!

1. La performance de chaque slammeur-slammeuse ----- Très très haut !!!

2. Le fait que certains juges quittent en plein milieu de la joute ---- Très très bas.

Jean-Michel