jeudi 30 octobre 2008

Mois du slam (2e partie)

Atelier de slam au Cégep avec IVY (14 oct.) :
Suite à une confusion entre le programme du Salon du livre de l'Estrie et les indications de l'organisateur Jean-Sébastien Huot, je suis arrivé à mi-parcours de l'atelier. J'ai de ce fait manqué la partie de IVY, ce qui m'a mis en rogne. J'ai rongé mon frein pendant qu'une quinzaine de jeunes du Cégep et du secondaire, eux, usaient leur mine HB pour achever un texte valable. Il y eut quelques performances, dont un slam à 3 d'un groupe de l'école Mitchell Montcalm dont on entendra sûrement encore parler. Le peu de lectures des participantEs m'a déçu. Il m'a semblé qu'il y avait une certaine gêne des gens à partager leur texte qui aurait dû être brisée. Au final, je crois que quelques personnes étaient aussi simplement là pour voir IVY.
Ayant manqué toute la première partie, je ne me risquerai pas à une note. Cela dit, bon coup de la part du Salon du livre, ça fait du bien de voir que vous avez décidé de vous mouiller à la création!

Session de slam au Salon du livre de l'Estrie (18 oct.) :
Première pour le Salon, une soirée animée avec des artistes de tout horizon aura été bénéfique à celui-ci, malgré la déception marquée de certainEs. Il faut dire que les poètesSEs qui participaient venaient de mettre les pieds dans un chateau-fort de la littérature en Estrie (quoi que devenu surtout une foire à la consommation de livres). Cela dit, le public n'était pas celui hétérogène des soirées du Tremplin. Les personnes présentes avaient pour la plupart une idée de ce qu'est la poésie, une appréhension du mouvement hip-hop et un goût marqué pour tout ce qui ne comporte ni rime ni message. J'exagère. À mon grand bonheur, le public présent, et tout de même nombreux dans cette salle un peu froide aménagée pour le Salon, s'est mouillé et a même fait quelques remous. Le micro-ouvert a été peu exploité, ce qui me déçoit sachant que plusieurs auteurEs étaient très bien informé de l'évènement et auraient pu se prêter à la chose aisément (comme nous l'a prouvé l'association de poésie de Granby). Le slam est l'affaire de tout le monde, pour peu qu'on s'en soucie et qu'on se donne la chance de le pratiquer. Les auteurEs des Cantons-de-l'Est auraient eu tout à gagner à tenter le coup et je me désole qu'il ne se soit pas hasardé à venir participer. Même s'il existe un fossé générationnel, le slam, dans sa forme et sa simplicité, offre tout pour le franchir d'un seul bond.
Une note de 6.5, bonne performance mais l'attente était plus grande.

Spectacle de la Slamille et de ses invitéEs (20 et 22 oct.) :
Projet : 2 soirs. 400 cégepienNEs de deuxième année minimum. 1h15 de slam de poésie. 4 slammeurs-euses + invitéEs et des pommes gratuites.
Le défi n'était pas petit. Les attentes non plus. Encore moins les nôtres (éducation, sensibilité, conscientisation, respect, découverte, création/action). Et celles du public? ... ouf! Ça devait aller dans tous les sens, du désintérêt le plus total à celui de passion en découverte. La majorité devait se situer entre les deux pôles avec un seuil de patience et d'écoute amoindrie par l'obligation scolaire.
Pour y arriver, nul autre choix que d'épauler la slamille (Sô Jeu, David Goudro, Alliance et Frank Poule) de Marjolaine Beauchamps, Keven-Yann Boisvert, Maggie, Marc-Aurèle Lemieux et Patrick Jalbert. Ce fût donc une enfilade de textes dans un décor de colocation interstellaire qui fila comme une étoile à travers les univers infranchis de bien de gens le 20 et 22 octobre. Un peu plus de 500 personnes vinrent se buter à nos vers et il n'aurait pas été possible d'offrir plus, c'est-à-dire bien plus que nous même 2 soirs d'affilés. Une expérience mémorable, touchante et très positive pour faire découvrir la poésie à des jeunes qui pourrait parfois ne plus croire qu'il existe quelque chose au-delà du symbole même des choses. Malgré un manque de préparation, une slammeuse en moins et quelques ratés qui forgent l'expérience. Je tends un 9.8 sans pousser vraiment la note.

Spectacle Slamérica de IVY (23 oct.) :
Loin de moi l'idée de vouloir faire un débat sur ce qu'est le slam : une pratique/un style littéraire/ une philosophie/ une compétition? Un regard rapide sur le mouvement permet de voir que le slam est un peu tout cela. Reste que je ne peux m'empêcher de souligner certaines choses. Un spectacle individuel avec une orchestration musicale complète et très peu d'a capella que nous pourrions appeller "slam" n'a guère en commun avec ce qui a fait le slam dans les 20 dernières années, sinon la poésie comme centre de la création. Les gens vont voir du slam pour bien d'autres raisons que pour un spectacle. Le slam n'est pas un spectacle en fait. La soirée s'improvise, sans trop d'attente. Le public est nécessité, le poète est nécessiteux. Ça brasse, ça change à chaque 3 minutes, ça va dans tout sens. Rien de tout ça dans le spectacle d'IVY. Alors arrêtons de jouer sur les mots et surtout de les utiliser à tout-va! Prenons ce spectacle pour ce que c'est : un moment magique en compagnie d'un poète plannant sur des airs électrifiants, une poésie rimée qui vient à l'oreille simplement et qui touche et qui touche... Ce spectacle n'est pas réservé aux adeptes du slam, il saisit plus large en empoignant la guitare et le drum'n'bass. Même chose pour le disque qui est la pierre de fondation du spectacle. Un bon disque, un bon poète qui n'a pas peur d'aller vers les gens... mais très loin de la scène slam et de ce qu'elle signifie pour maintenant beaucoup de gens (liberté, participation, émergence, ressourcement et tant d'autres!). Il y avait moins d'une trentaine de personne à ce spectacle présenté au Tremplin tout de même honéreux pour ce qu'on peut connaître des soirées slam au Québec (entre gratos et 8$). J'ai réellement apprécié la performance d'IVY, qui nous fais voyager sur des thèmes de l'américanitude qu'il chérit tant. Cela dit, le débat reste vacant et le public frileux...
Un 7.8 pour la confusion dans la présentation, le travail achevé et l'amitié transpirante.

Voilà pour le mois! C'est déjà novembre, je recule l'heure pour gagner un peu de sommeil. Sachez que ce premier mois du slam restera gravé dans ma mémoire pour bien longtemps, que j'ai adoré le partager avec autant de gens respecteux et généreux d'eux-même et que le mois d'octobre 09 ne saurait se faire attendre pour continuer à aviver la pratique, la philosophie, la compétition, le style et surtout l'esprit du slam.
Sur ce bon slam!

Frank Poule

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