samedi 31 janvier 2009

Faudra acheter une familiale!

La première veillée de la slamille sherbrookoise s'est bien déroulée, déliant langue et esprit, et jetant hors de ses gonds les portes des perceptions. Plus d'une dizaine de personnes se sont donc apprivoisées jeudi dernier afin de mettre sur la table des réflexions concernant le slam, des questionnements et des projets. Je ne m'attendais à rien de moins. Sans vouloir reprendre tous les éléments de cette rencontre ici, je me dois de souligner minimalement trois éléments de celle-ci qui nous permettra de voir où ira la slamille pour l'année 2009.

D'abord, nous avons à nouveau épuré la question de la compétition (est-ce nécessaire, positif, contradictoire?) pour finalement en venir à bien faire saisir l'importance de la joute et de la compétition afin de respecter l'esprit populaire et participatif du slam. Il va sans dire que cet aspect sucite toujours des questionnements et je profites de ce blogue pour établir une vérité de l'histoire du slam émise par son fondateur lorsqu'il se fit questionner sur le pointage dans le cadre de slam de poésie. C'était à l'émission états-uniennes la plus écouté des É-U, 60 minutes, que je cites et traduis de mémoire.

Animateur : Quel est le but de mettre des points sur des poèmes ?
Marc Smith : C'est complètement absurde!

Ça fait le tour de la question? La slamille s'entend donc pour dire qu'elle raffole de la compétition et qu'elle est prête à user des tous les stratagèmes possibles pour conserver son titre.
Au suivant!!


Deuxième élément central de cette rencontre, l'importance d'avoir d'autres évènements, qu'ils soient thématiques, comportent une contrainte ou qui toucheraient un autre public. Des idées mijotent, mais comme il fut souligné, pour ce qui est des soirées au Tremplin, la marmitte est déjà pleine. Peut-être est-il déjà temps de voir à augmenter le nombre de soirées dans un mois? Je serais plutôt d'avis que la patience est de mise. Voyons voir si le creu des mois de mars/avril se fait sentir avant de se lancer à chaque deux semaines! D'ici là, pourquoi ne pas tenter le coup à l'Université ou au Cégep ou encore dans un bar?

Puis, il fut évoqué à quel point il serait nécessaire de faire une tournée afin de faire découvrir les personnes qui se démarquent lors des soirées du Tremplin. Le concept du spectacle «Veillée de mots avec la slamille» qui avait bien marché au Cégep de Sherbrooke à l'automne 2008 pourrait être repris. Une chose est sûr, il ne manquera pas de personnes pour venir performer lors de cette possible tournée. Reste à voir si l'accueil serait bon, les salles ouvertes et surtout, le public présent. Il nous faudra donc nous trouver une familiale bon prix, avec moteur au bio-carburant, pour loger toute cette belle slamille pour une tournée estivale.

Une prochaine rencontre sera donc de mise très prochainement pour faire un retour sur cette balloune qui fut gonflée collectivement afin de voir à lui insuffler un peu plus de délirium!

Amitié et solidarité,

Frank Poule

Prochain article, un enregistrement studio de Sophie Jeukens sur la forêt québécoise!

lundi 26 janvier 2009

Qu'est-ce que la slamille?

À l'orée de la première rencontre de la slamille sherbrookoise, la question est peut-être de mise...

De la poésie au quotidien
Le terme en soi est un dérivé du mot-valise «slamily» employé depuis belle lurette dans le mouvement de slam de poésie. L'idée est simple, implanter les valeurs familiales à l'intérieur des collectifs de slam : entraide mutuelle, respect, amour et organisation afin de favoriser le développement social, économique et affectif de la communauté. C'est un lieu de socialisation et d'éducation où il est possible d'échanger sur la poésie, la société, critiquer le mouvement, avancer des projets ou tisser des liens.

La slamille sherbrookoise est à mes yeux bien loin d'un concept vague ou d'une mythologie artistique. C'est une croisée de chemin nécessaire à établir pour aller au-delà du spectacle et de la compétition et en même temps un moyen de les nourrir d'ions positifs. C'est une grande table où toutes personnes s'identifiant au slam a le droit d'être. La slamille, c'est une façon d'implanter la poésie dans le quotidien en s'encourageant à vivre de poésie (et non de la poésie).

Qui fait partie de la slamille?
N'importe qui! Puisque ce n'est pas un endroit formel ou decisionnel, toute personne animé par le désir de participer à la propagation de la poésie est la bienvenue (même des gens de d'autres villes!). Les formes de participation sont aussi nombreuses qu'imaginables. Il est par contre très souhaitable que la slamille puisse partager des avenues communes et des sujets qui intéressent une majorité de gens. En ce sens, l'invitation à la première rencontre est faite en ayant ciblé des éléments qui, je l'espère, sauront aider à connecter les gens.

EN GROS

qu'est-ce qui va se passer à cette rencontre?

Tout d'abord, il s'agit d'un 4à7 non-alcoolisé. Il va donc y avoir du pain et de la salsa de fournie. Restera qu'à trainer un fromage à nous faire découvrir ou bien un jus (ou toute autre boisson imaginable). Il se passera donc de la nourriture, des borgborigmes, des déglutissements et nous espérons même quelques rots en guise d'applaudissement. Du reste, ce sera surtout un premier contact, pas trop chargé. Recueillir des impressions sur la perception et la compréhension de la «vague du slam», retour sur les Slam du Tremplin et partage des projets à venir ou à devenir. Tout ça au gré du nombre, du genre et de la lumière (si parfois yaurait une panne d'Hydro-Sherbrooke).

Autre chose?

Oui oui oui! Des exemples concrets que la slamille est quelque chose d'existant et de motivant. Voici mon top 7!

7. Slam United!, un appel afin de réunir les 3 équipes de New-York dans une période de tension.

6. Blah blah blah!, un recueil de plusieurs artistes de différentes scènes de slam en France. C'est le plus volumineux recueil de slammeurs-euses francophones.

5. Le Poetry Cross Training Conference, une sorte de camp d'été de slam avec plusieurs figures marquantes du slam qui partagent leur expérience et donne des ateliers. L'éducation populaire quoi!

4. Le recueil new-yorkais Aloud! qui est le plus beau lègue des scènes de poésie new-yorkaises et qui est nationalement connu.

3. La fameuse rencontre de la slamily avant chaque finale de championnat national aux États-Unis et qui cherche à discuter sur un pied d'égalité dans un moment très fort en anxiété et en tension...

2. La rencontre maintenant historique au chalet de Taylor Mali, slammeur très connu aux États-Unis, où des dizaines de poètes-ses passent un moment complètement familial.

1. La naissance du «slam sauvage» dans les quartiers de France où la rue devient l'espace d'expression des gens du coin.

Voilà donc à grand trait ce que peut être la slamille. Nous verrons bien ce qu'il en adviendra à Sherbrooke. La porte sera grande ouverte! (Les détails du quand, où, comment sont à votre droite!)

Amitié et solidarité,

Frank Poule

dimanche 18 janvier 2009


Pollice Verso, Jean-Léon Gérôme

Est-ce que Guy Perreault est prêt à ça?

Chelem moi Guy Perreault!

Comme plusieurs le savent, le Grand Chelem Poétique a été annulé le mois dernier. Ça nous aura permis de finaliser quelques petits éléments de parcours et d'être prêt pour affronter la fureur potentielle du public lors de ce premier essai. Gaz lacrymogène, bâton-vomisseur et bien sûr, une panoplie d'agent provocateur seront utilisés au slam de février afin de semer la pagaille entre les métaphores et les jokes de cul de Guy Perreault.

Nous suivrons les chemins tracés par les Grecs et les Romains afin de laisser libre cours à l'expression du public face à la poésie qui sera vécue lors du Grand Chelem. C'est pour cette raison que nous avons opté pour utiliser la bonne vieille technique du Colisée afin d'en décider du sort du poète. Si le public lève massivement le pouce, le poète continuera son envolée. S'il l'abaisse, à la fosse! Pour ma part je jouerai le rôle de César, annonçant la sentence avec jubilation.


La comparaison avec le fonctionnement des ligues d'improvisation pourrait être fait avec justesse. Une différence reste par contre marquante : il ne s'agit pas de comparer deux équipes, mais de trancher sur la liberté d'une personne.

Sadique?Anti-poétique?Déraisonné?
Oui! Oui! Oui! Mais qui a la chance aujourd'hui de parler à une foule pendant 22 minutes 22 secondes? Suffit d'amener tous ces pousseux et pousseuses dans un road trip digne de Kerouac!

Individual world poetry slam (iWPS)



Esseme Van au iWPS

Le maintenant très couru tournoi planétaire de slam a eu lieu en décembre, très loin d'ici en Caroline du Nord. Soulignons d'une part que ce n'est pas le seul tournoi mondial (il en existe un en Europe qui se fait avec traduction). Le iWPS se déroule en Amérique, il en est à sa 4e année et les scènes sont anglophones. Je fus par contre jeté à terre de voir que Pilote le Hot, slamestre de France, y était! Rien de plus sur le sujet et je n'espère (malheureusement) pas le voir sur vidéo vu qu'il ne se classa pas pour la compétition. Des 72 participantEs, 12 se rencontraient en finale, pour une ronde de 3 slams de 3 min. Les finalistes, comme à l'habitude, venait surtout des États-Unis (vu leur nombre et la proximité), mais plusieurs villes canadiennes, européennes et latinos américaines y participèrent.

Une chose distinguant le iWPS, du National poetry slam (NPS), ce sont ses préliminaires. Afin d'accéder aux finales, il y a deux rondes préliminaires où il faut performer des slams de 1,2,3 et 4 minutes. Cela ajoute à la diversité et la technique. L'évènement s'échellonant sur 4 jours, l'essentiel du iWPS est finalement ce qui entoure la compétition : ateliers, slam thématique, rencontre, duel de Haïku. Si je me fis aux années précédantes où le calibre était plutôt halluciant et les styles beaucoup plus éclatés que les finales nationales états-uniennes, j'imagine que l'évènement fut un succès sur le plan du contenu (je n'ai pas encore visionné les prestations, mais dès que je reçois le tout je vous en fait part!). Joaquin Zihuatanejo, qui sort un peu de nulle part (tant mieux!), a remporté l'évènement devant des artistes éprouvés : Jason McBeth, 6 is 9 et le double champion iWPS Buddy Wakefield. Pour ma part, mon favori Joshua Bennet, slammeur prodige de 20 ans venant de New-York, a fini 5eme!


Johua Bennet au iWPS


Au final, un merveilleux évènement poétique qui semble gagner de plus en plus en popularité, quoi qu'il soit à des années lumières de celle des nationaux américains. La variété y est par contre clairement plus abondante. Dans l'espoir de voir jaillir des évènements sans frontières dans l'univers du slam francophone d'ici peu. Nous travaillerons à ça à Sherbrooke, n'ayez crainte!

Pour l'instant, par contre, je suis claqué. I'm slammed. Alors je m'en garde à dire après une ronde d'affichage effrêné, en raquette s'il le faut!

Frank Poule

Prochain article : Table ronde de la slamille sherbrookoise

mercredi 14 janvier 2009

Des oh!!! et des bah...

Je serai nuancé, mais j'enlasserai tout de même les nuages.

Mais avant toute chose, introduisons avec celle qui m'épôle la calotte glacière de ces photos pour cet article, Anny Shnyder avec un tanka, un peu l'ancêtre du haïku, sur la slamille sherbrookoise :

Variété des êtres révélés
Par leurs émissions oratoires
Résonance familière
Humaine famille
Diverses fabuleuses cité(e)s


La soirée de jeudi dernier était mémorable, du moins pour celles et ceux qui ont une mémoire (je l'avais dis que je serais nuancé...). 16 individualités se sont unies autour d'un micro qui, lui, était entouré par les flammes de plus d'une centaine d'âmes en ce début janvier. Il y eut joie et déception, amour et haine, cohue de mots et simplicité du langage. Pas surprenant que celui qui su s'attirer le public et les juges se situait à la frontière de ces deux univers. Avec ces cheveux poivre et sel et deux textes à la fois critique sociale et autocritique, Mansour Danis a su prendre le bâton de chemin que le Slam du Tremplin lui a tendu et nous a fait voyager comme un sherpa dans sa poésie de terre battue.

Il y avait tellement de gens qui ont pris la tribune que je ne peux, comme j'ai l'habitude, m'attarder à chaque prestation. Par contre, je tiens tout de même à souligner les nouveaux visages que nous avons mis à découvert, au plaisir insuccombable des gens rassemblés au Tremplin.

Tout d'abord, Véronique Morneau.


Une jeune talentueuse qui avait performé lors du micro-ouvert de décembre, est venue défier les plus aguerriEs lors de la compétition amicale. Elle s'est rendue en deuxième ronde grâce à un texte profond, tout en jeu de mots et en mots-valises sur les liens familiaux. En avoir eu deux comme ça, elle aurait bien pu raviver la première place, mais son deuxième texte, rap a cappella, n'a pas su la démarquer. Je tiens à souligner deux choses qui auraient sans doute joué pour beaucoup. De l'une, elle a dû faire avec un problème de micro qui descend tout tranquillement et qui perturbe énormément le public présent.

Un conseil de scène pour celles et ceux qui veulent éviter cette tragicomie (car ça fini néssairement par être drôle et bousille la concentration) : arriver sur scène, prenez le temps de placer votre micro et respirer profondément. Rien ne sert de courir, il faut slammer à point.

De l'autre, le rap a sa place dans une soirée de slam (je le répète toujours, le slam est un espace pour l'oralité et pas un style littéraire). Voici par contre mon conseil pour celles et ceux qui veulent partager des rap de leur cru.

Un rap a capella se doit d'être entendu et donc performé plus lentement que ce qui se fait sur une musique et qui sera écouté à plusieurs reprises. À moins bien sûr que ce soit un effet recherché. Au final, le texte doit avoir une autre âme que celle qui lui fut insufflé par la musique, sa propre musicalité qui ira au-delà d'un débit rapide et prononcé. Des centaines d
e rappeurs-euses se produisent sur les scènes de slam, découvrez leur technique et développez à partir de ça!

Deuxième surprise, une écrivaine, blogeuse invétérable et débordante d'énergie est venue participer à la toute dernière minute, Melissa Leblanc. Je dois avouer que j'étais fébrile, l'ayant entendue quelques fois dans des micro-ouvert que nous propageons avec des amiEs un peu partout. Sa poésie très recherchée et en même temps ancrée dans un réel très rude aurait pu accrocher l'ammassement d'oreilles prêtes à tout qu'est le public trempelinois. Ceci dit, elle est venue en tant que personnage, avec l'attitude qui collait bien à son surnom, Bouzin. J'ai la chance de pouvoir comparer avec une autre personne qui usa du même stratagème, La Clocharde, une slameuse de Montréal. Toutes deux incarnèrent un personnage pour servir leur texte et leur interprétation. Mais là où La Clocharde a su transmettre ce jeu clairement, avec un texte parlant d'itinérance, Bouzin a préférée laisser à l'auditeur-trice le travail de décortiquer les liens symboliques. Le public, et moi d'ailleurs, n'ayant pas compris l'essence de la performance de Bouzin, sommes resté ambivalent. Et l'ambivalence dans un contexte de poésie orale, comparativement à l'univers textuel, est un sentiment que l'on ne souhaite pas trop exploiter. Cela dit, je tiens à souligner la richesse poétique et l'émotion de Bouzin qui a su marquer le public à mon avis et qui pavent donc le chemin de son retour!

Finalement, un certain Émile Shnyder, fils d'une poètesse et herboriste resplendissante, a estomaqué une bonne partie de l'assistance. Il est arrivé sur scène avec assurance et a performé un texte très bien ficelé sur un clown triste qui vit une violence intérieure plutôt désarcenante. Deux éléments qui m'ont fasciné. Son interprétation naturelle et le fait d'écrire un texte "à incarner". Il a su peindre en quelques traits de langue son personnage pour ensuite se lancer dans une tirade remarquable.

De quoi démontrer de la vivacité de notre scène locale et de sa pertinence!

Ah oui, j'allais oublier la partialité... La soirée fut un peu trop longue et notre invité n'était pas présent. Cela dit, la non-présence de l'un a permis la présence de d'autres personnes, ce qui fait qu'au final, tout était bien balancé. Surtout les mots.

Je vous reviens dans un jour ou deux à propos du Grand Chelem Poétique, du Individual world poetry slam (iWPS) de décembre ainsi que sur la table ronde du 29 janvier!

Prenez soin des autres!

Frank Poule

mardi 6 janvier 2009

Nous ne cèdrerons pas

À deux jours de la prochaine sortie poétique de la slamille sherbrookoise, je dois avouer la fébrilité de chaque fibre de mon derme intégralement biologique.

Fébrile car la communauté qui gravite maintenant autour de la poésie qui submerge le Tremplin est en constante croissance et en permanente évolution de sa conscience sociale et du pouvoir de sa parole.

Je me permets une parenthèse.
À celles et ceux qui croient que la compétition dans une soirée slam sert à bâtir un «style propre au slam», à valoriser la réussite ou à maintenir un culte de la personnalité sont à mon avis très peu conscientEs de ce que les gens (je parle ici surtout du public) viennent partager dans une soirée, c'est-à-dire leur écoute, leur conscience.

Cet effet du slam sur la conscience sociale a été détaillé par Cristin O'Keefe dans A Guided Tour Through Twenty Years of the New York City Poetry Slam, par plusieurs témoignages de slamestres en France ainsi que par le nombre croissant de projets de slam de poésie dans les écoles, les milieux défavorisés et les milieux de vie en perte de communauté (comme Sherbrooke, mais ce pourrait être n'importe où dans le monde...). Le lieu de slam le plus actif au monde, le Nuyorican Poet Cafe, a clairement profité de cet effet pour redéfinir un lien d'humanité dans un quartier qui se voyait complètement désarticulé par les écarts sociaux, le désinvestissement publique et l'individualisme.

Les fameux-ses finalistes des soirées de slam reflètent cette conscience sociale d'une communauté et puisque le public est invité à participer à l'évènement et à mettre à jour sa subjectivité, cette communauté s'ouvre du même geste à redéfinir sa conscience, ses symboles, son histoire. Il en revient aux poètes et poètesses de franchir habilement, par le biais de la poésie et de la performance, cette terre d'accueil et à la submerger pour en refaire la géographie.
Fin de la parenthèse :)

D'assister à tout cela, depuis un an, m'emplit d'espoir et de respect.

Fébrile d'une façon plus tragique en écrivant ces mots tout réfléchissant au carnage israëlien en Palestine qui sert une mascarade politique, aux émeutes en Grèce qui sévissent suite à une crise sociale enflammée par le meurtre d'un adolescent par la police nationale et à tant d'autres tragédies qui perdurent dans un silence accablant. Seul les mots de Mahmoud Darwiche me réconforte :

L'espoir est la maladie incurable des Palestiniens. Notre fardeau. Je refuse l'esprit de défaite et m'accroche à l'espoir fou que la vie, l'histoire, la justice ont encore un sens. J'ai choisi d'être malade d'espoir. La poésie est fragile. C'est ce qui en fait sa puissance. Si elle tentait d'affronter les tanks, elle serait écrasée. La poésie a la fragilité de l'herbe. L'herbe paraît si vulnérable, mais il suffit d'un peu d'eau et d'un rayon de soleil pour qu'elle repousse.

Nouvel observateur, février 2006

Fébrile, finalement, car la soirée du 8 janvier s'annonce comme étant la meilleure façon de débuter l'année. Une quinzaine de personnes, dont 3 de Montréal!, déchainerons passions, humour, sensibilités, réflexions dans nos caisses de résonnance charnues. David Goudreault viendra notamment nous asséner le coup de départ. Aussi hâte de voir et d'entendre la réponse du public face à notre Grand Chelem Poétique et quelle issue Edmé Étienne, notre poète invité venant de Québec, y amènera.

Mais ma fébrilité atteind son comble concernant ce fameux Grand Chelem. Ayant déjà annoncé le prix qui est en jeu dans cet exploit oral, un bâton de baseball des Cubs de Chicago, j'ai la fibrilité qui s'enflamme à vous en annoncer davantage. J'ai eu confirmation que le bâton en question sera amicalement autographié par Mark Smith, fondateur et père spirituel du mouvement de slam poésie.

Je suis donc fébrile. Le bain de foule fera du bien.
Puis l'espoir me revient en relisant l'introduction que j'ai écrite pour l'équipe du Tremplin au Grand Slam '08. Je vous le partage après ces deux derniers mots que je martèle comme un forgeron sur l'acier de vos regards.

Amitié et solidarité,

Frank Poule


clin d'oeil d'outre-mer pour un cousin paumé (Bastien)

à Sherbrooke on est paumé
mais on a bien de la peau
on est dépossédé
pas de cd à vendre
(mais on en a à donner!)

on a ni le Capitol ni le Capital
mais on se catapulterais sur n'importe quelle scène
pour même pas une cenne
personne nous barre la route
on joue sans capot on est décapotable!
et on capitulera pas

on est lié par la peau/hésiter pas à venir
dans notre abris tempos
on patauge toutt dans l'même étang-porel
on est des pores
qui respire d'un même souffle la souffrance rance
all at the same rank
on vit toutt dans l'même ranch
on est presque la famille Daraîche
des maréchals Ferron qui s'ammarent à leur rimes et chante Ferré
pour femer l'odieuse ode rêche des nouveaux Reichs

On est pas riche
but each of our reactions is reaching our goals
enriching with gold these old dreams that make our realm real
on trime fort
we flow in the same stream
not the mainstream

on se maintient comme des aimants
comme des amants qui s'tiennent la main place Tian'anmen
nous sommes les jointures d'un pentagone d'humanitude
et on vous doigt tant
qu'on vous le tend

on est des autochtones qui tonnent :
« Toc!Toc! » « Hug! Hug! »
We wanna hug you
so come in our wig-wam
vous serez le ying on sera le yang
pis ça sera le big-bang
on est un big band
magnétique, élassstique
estie qu'on stick

on est des slamifères, des ouragan-outans de la sherbrousse
qui jungle avec les sons
nous sommes effrênés, déchênés et ne cèdrerons devant rien
car il forêt-ver
rêver heavy
et vivre la poésie dans la peau
et le poème dans la paume

vendredi 2 janvier 2009

La poésie vivra encore en 2009!

Malgré les nombreuses crises (politiques, économiques, écologiques et humaines) qui sévissent sur le globe, je tiens à dire qu'il existe des ressources inépuisables chez les humains : l'imagination, la solidarité, l'amour, l'espoir. Alors la poésie, ce bunker enfouie 600 pieds sous nos inhibitions, résistera en 2009 mes amiEs! Et le slam, cette déferlante de paroles, tel un tsunami amical, ensevelira le vieux monde d'une parlure fraîche comme la rosée d'un printemps et franche comme une pluie torentielle. Les humains recueilleront ces éclaboussures orales aux quatres coins du monde pour venir à bout de l'aridité de nos sociétés désertiques et ce blog fera office de bâton de sourcier et nous chercherons tous et toutes les diverses sources de l'inépuisable poésie mondiale comme locale.

Pour ce faire, je maintiendrai maintenant un blogue qui ira au-delà de la publication du mensuel appel Slamestrie et vous ferai part de tout ce qui pourrait être en lien avec le slam, dans une pertinence qui n'aura d'égal que ma folie!
Et qui sait, peut-être d'autres hurluberluEs se mêleront à la quête avec moi.

Perspectives 2009


Au Québec, la nouvelle année sera une année tournante pour le slam ainsi que pour la Ligue québécoise de Slam (LiQS). Créé en 2007, elle fut un beau coup de dés de la part de IVY considérant que les autres ligues nationales prirent quelques années de consolidation locale avant de se fonder. L'année suivante, déjà deux autre villes s'étaient lancées dans la course (Slam du Tremplin et SlamOutaouais). En décembre 2008, nous avons aussi eu le lancement d'une cinquième équipe, SlamLanaudière. Elle parcourera la région de Lanaudière pour raviver le feu sacré de la poésie et trouver celles et ceux qui pourront embraser le Québec! D'autres soirées mensuelles ne sauraient se faire attendre dans les Cégeps, à Trois-Rivière, au Saguenay, alouette!

Par contre, le slam au Québec est encore tout jeune et la présence de la Ligue n'est pas à elle seule capable de maintenir et de tenir d'autres scènes slam actives. Il faudra faire la part des choses entre la popularité du mot «slam» et la popularité du mouvement slam. À mes yeux, le mouvement slam a tout pour se propager au Québec, sans grand besoin de renfort de l'industrie artistique et de son marketing simpliste et éphémère. Il a traversé 25 années tumultueuses grâce à ses racines populistes, communautaires et carnavalesques ainsi que par le talent de centaines de poètes et de poètesses remarquables.

C'est une pratique mondiale qui se fait en plus de 50 langues et qui est complètement décentralisée. Aucune école, aucun dogme. Ce n'est ni un style ni une mode, du moins pour celles et ceux qui y participent et qui par milliers se ruent pour aller voir de la poésie sur les scènes de slam.

Si la LiQS fait bonne figure et que le slam québécois, tout en insufflant ses couleurs, ses coutumes et son histoire orale, résiste à la marchandisation à tout crin, nous aurons d'ici peu d'années une ligue florissante qui pourra faire connaître la poésie à des centaines de personnes n'y étant pas enclin à la base.

Sherbrooke dans tout cela?


Nous continuerons sur notre lancée annoncée à la fin décembre. Afin de mieux reflèter le milieu sherbrookois, une table ronde aura lieu à la fin janvier pour discuter du slam en région. Il faudra aussi répondre à la demande de plus en plus croissante de la part des professeurEs concernant des activités «slam» dans leurs classes et il va sans dire que plus nous serons à prendre d'assault le milieu de l'éducation, mieux ce sera!

Ce sera aussi un moment pour voir si le slam peut intéresser des gens au-delà de la slamille sherbrookoise en se lançant sur d'autres scènes. Il faut saluer ici le bel échange avec Yves Allaire du Centre d'art d'Orford qui accueille chaque mois, dans le cadre de lectures poétiques, unE artiste s'étant démarquée sur les planches du Tremplin. D'autres très belles salles pourraient nous ouvrir leur porte dans l'année à venir et nous serons près à les ouvrir grandes!

La finale régionale sera aussi un moment charnière de l'année. Toujours dans le cadre du Festival du texte court de Sherbrooke, elle aura lieu le 30 mai prochain. Les 6 finalistes de chaque soirée y seront, mais pour ajouter de la diversité, une soirée «Slam de dernières heures» sera organisée le premier jeudi de mai pour déterminer 6 autres finalistes parmis toutes les personnes s'étant rendue en deuxième ronde lors de l'année. La finale, qui se déroulera en trois rondes comparativement à deux en saisons régulières, promet donc d'être surchargée de mots, de symboles, de sens (doubles?) et de fébriles amicalités...

Cet été? Nous ne ferons pas relâche. Ce sera un moment pour nous démarquer lors de festivals, d'organiser des évènements extérieurs et pourquoi pas un camp poétique? ... pourquoi pas ouais!
Le Grand Chelem, nouvel arrivant, devrait aussi continuer tout l'été si tout va bien.

Une fois que la poésie ce sera propagée comme autant de rayons venu droit de l'espace, ce sera la rentrée automnale, marquée par le Grand Slam 09 dans notre métropole. Nous aurons à défendre notre titre respectueusement et à s'amuser amplement. Y aura-t-il encore un mois du slam en octobre? J'ose l'espérer et nous pourrons y travailler toutes et tous, j'en suis sûr!

Une récession?
Faudrait commencer par céder pour qu'il y ait récession et en cette nouvelle année, je ne peux que vous inviter à vous impliquer à fond dans votre milieu, de n'importe quelle façon (bénéfique, cela va sans dire). Collectivement, nous aurons à prouver ce dont nous sommes capables et la Reine des Cantons-de-l'Est (comme le dit notre ami Jacky-Boy sur son blogue) aura la chance de se démarquer et de changer la donne.

Bonne année finalement et au plaisir d'échanger sur le sujet! N'hésitez pas à commenter le tout et ajouter vos idées et vos perspectives!

Amitié et solidarité,

Frank «Papa» Poule